Dans le domaine de la culture en général et de la musique en particulier, la plupart des médias en ligne surfent sur le buzz en Afrique. Les pratiques déontologiques en matière de traitement d'information sont presque inexistantes. Les professionnels de l'information deviennent de moins en moins attentifs aux informations qu'ils publient et ils ont perdu le réflexe de la vérification. Cela a été par exemple le cas tout récemment avec le concert avorté de l'artiste Gospel KS Bloom où on a lu sur des blogs, des informations relayées successivement sans obtenir les versions des organisateurs et de l'artiste.  Aucun soin n'est pris pour vérifier l'information qu'on publie. Ce qui compte, c'est que cela fasse le buzz. Un usage qui n'entache pas toujours l'image des artistes uniquement, mais aussi, et surtout celle du blog comme l'explique Manfred Essome, membre du panel 3 d'une conférence organisée dans le cadre du Salon international des voix de femmes le 07 juillet dernier.

Lorsque ton Média est mis en avant par du buzz, ta valeur ajoutée sur le marché baisse.

La conférence portait sur les solutions du numérique pour la promotion, la diffusion et la distribution des musiques en ligne. "On se dit qu'avec le buzz on sera plus connu, mais c'est le plus gros danger des créateurs de contenu que nous sommes.  Lorsque ton Média est mis en avant par du buzz, ta valeur ajoutée sur le marché baisse.  Plus tu vas traiter des informations de moindre valeur, moins tu auras de la valeur auprès des professionnels.  Surtout en ce qui concerne les acteurs, car tu ne prends pas le soin d'avoir des contenus de qualité qui permettent de mieux vendre un artiste et  d'attirer des annonceurs" , déclare le rédacteur en chef du journal en ligne "le quatrième pouvoir" . C'était lors d'un débat autour du sous thème de la conférence intitulé, médias en ligne : un usage cafouilleux. 

Pour le paneliste Lamine Ba, rédacteur en chef de Music in Africa pour l'Afrique de l'Ouest francophone, cette cacophonie dans le traitement des informations musicales  des médias en ligne est davantage liée au choix du contenu que les blogueurs diffusent. En général, il n'y a pas assez d'informations utiles pour la production, la diffusion et la distribution des musiques des artistes. 

On se rend compte qu'il y a beaucoup d'artistes qui ne savent pas qu'il y a énormément d'argent qui est injecté dans le secteur de l'industrie musicale.

"Il y a plusieurs fondations et d'organisations qui subventionnent les artistes Africains mais tout le monde n'est pas au courant.  Il faut que nous soyons ceux-là qui permettent aux artistes qui recherchent des opportunités, de trouver des fonds de subventions pour leur projet et il y en a énormément sur  musicinAfrica.net . Je pense que c'est plus de 50 % de nos publications " dixit le journaliste. "On se rend compte qu'il y a beaucoup d'artistes qui ne savent pas qu'il y a énormément d'argent qui est injecté dans le secteur de l'industrie musicale. Du coup, nous cherchons des appels à candidature ainsi que des appels à subvention et nous les mettons sur notre plateforme. Ensuite, nous les partageons sur tous les réseaux sociaux afin de les rendre plus accessibles", ajoute-t-il.  

Comment sortir de ce capharnaüm?

Les panelistes Manfred Essome et Lamine Ba ont proposé lors de la conférence quelques solutions pour  avoir des contenus plus reluisants à la fois pour les médias et pour les artistes: 

  •  Se former : Avec les outils digitaux qu'on a en notre possession, c'est la formule la plus rapide en la matière. 
  •  Aller vers les autres professionnels : Comment est-ce qu'il se comporte dans le  milieu journalistique en ce qui concerne l'aspect musical, comment est-ce qu'il traite l'information musicale au quotidien. Ce sont des petits canevas par lesquels ils peuvent vous donner certaines pistes pour pouvoir mieux traiter l'information musicale. 
  • Aller au contact de tous les événements :  Des événements spécialisés comme ce salon, assister au concert, ou aux événements musicaux vous donne une idée ou bien la température sur ce qui est fait par les artistes ou bien ce qui est proposé par les acteurs musicaux. Il n'est pas concevable que tu sois un professionnel de l'information musicale et que tu viennes uniquement le jour d'un concert d'un artiste. Il faut côtoyer l'artiste des semaines avant, des jours avant, voir comment le spectacle se prépare se construit s'il y a de canevas et parfois faire même des propositions. Par exemple avec le festival wassoulou de Oumou Sangaré au Mali, le professionnel de l'information qui vient couvrir le festival n'est pas une personne à part.  En fait, il fait partie du circuit entier du festival en apportant une valeur ajoutée. 
  • Le journaliste ou mieux le blogueur puisqu'on est dans le média en ligne doit se positionner à travers un certain nombre d'années. Se dire par exemple, dans 5 ans je dois me voir en train de couvrir tel type de marché musical en tant que journaliste ou blogueur c'est ainsi que positivement ils vont  évoluer au niveau de leur écriture musicale, leur carnet d'adresse, leur perspective de carrière et placement à l'international en fonction de la nature de leur blog. 
  • Les artistes eux, devraient faire appel aux services des attachés de presse pour choisir les médias sur lesquels diffuser leurs contenus:  Choisir les médias qui proposent des contenus de qualité plutôt que celui qui est plus connu,  car les partenaires s'en tiennent aux plus sérieux plutôt qu'aux plus populaires. La qualité est essentielle pour exister sur la durée. 

Escale Bantoo est un programme consacré à la promotion des chanteuses en particulier et des femmes actives dans le secteur des industries créatives en général. Le salon s’organise autour d’un marché professionnel, de conférences, de formations aux métiers du spectacle vivant et d’une scène musicale. L’édition 2021 de l’événement avait eu lieu du 6 au 9 octobre dernier à l’Institut français de Kinshasa, en RDC. Le Salon de l’Escale Bantoo a accueilli cette année, du 6 au 9 juillet, plus de 40 délégués et 22 chanteuses et chanteurs des quatre coins du continent au Cameroun.