Journaliste de formation, Carole Leuwe vit de sa passion pour la culture et la technologie depuis 2015. Sous sa casquette de blogueuse culturelle et ses connaissances en Community management, elle rencontre et présente des artistes, les accompagne et fait leur promotion à travers son blog "Vision artistik".
"J’ai envie de faire découvrir mes passions et de partager avec le monde de belles choses du Cameroun"
Vous faites partie des toutes premières personnes à embrasser l'univers tech et particulièrement la blogosphère au Cameroun. Quand et pourquoi commencez-vous à vous intéresser à cet univers ?
Je vais commencer par rectifier une chose qui me tient à cœur, les premières personnes à avoir embrassé le blogging au Cameroun sont Melvin Akam du temps où il bossait encore au journal Le Messager, ensuite il y a eu Nathanaël Njog et Edouard Tamba. Un peu plus tard on retrouve des noms tels que Dorothée Danedjo Fouba, Florian Ngimbis, ensuite l’histoire est connue avec Frank William Batchou, Dania Ebongue, Crescence Elodie Nonga… Je pense avoir été réellement au contact de mon premier blog vers 2013/2014. A cette époque j’étais très intéressée par tout ce qui était Tech et il y avait une forte communauté qui naissait également. En tant que journaliste, j’assurais déjà la communication de plusieurs évènements de cette communauté-là, tels que le barcamp 9 ideas conference, bloggers forum etc.
Quel a été votre parcours pour arriver à cette carrière de blogueuse?
Je suis journaliste/animatrice à la base, et fan de culture, à l’époque j’arrive sur Nostalgie à Douala et je vois une réelle effervescence de la communauté Tech. Je commence à m’intéresser à tout ce qui est développement technologique. En radio, je couvre la majorité des concerts dans la ville de Douala. Une fois terminé, je dois rendre le papier à l’antenne, malheureusement je ne peux tout dire car il faut respecter les canons de la radio de 1 :30 minutes maximum pour un bon papier. Je décide donc de créer un blog en 2015/2016 « les passions de Carole Leuwe » sur over-blog. J’ai envie de faire découvrir mes passions et de partager avec le monde de belles choses du Cameroun. Avant ça, je me suis baladée sur au moins deux blogs, toujours à partager mon quotidien. Quand je décide de rendre professionnelle ma passion pour le blogging, ma vision artistik voit le jour. C’est parti d’une émission radio que j’animais et c’est également le nom de la webradio.
Je pense avoir été réellement au contact de mon premier blog vers 2013/2014.
Durant la phase d'apprentissage et durant votre carrière professionnelle, quels ont été les temps forts qui vous ont marqués?
Il y a eu plusieurs temps forts. Mais je résumerais tout ça en de belles rencontres que nous faisons. Des rencontres qui nous grandissent. Des rencontres qui nous motivent et nous boostent. Que ce soit la rencontre avec Richard Bona, Etienne Mbappe, André Manga, Queen Eteme, Aladji Toure, Tiken Jah Fakoly, Mario Canonge, sur le plan musical.
Wamba Sob Ngu Tayou, Barbara Nkono, Anne Nsang de regretté mémoire sur le plan journalistique.
Vérone Mankou, Tony Smith dans le monde tech.
La liste est tellement longue. Des couvertures médiatiques en n’en plus finir, des voyages sur le continent afin de couvrir des événements culturels ; des formations sur le blogging à Bangui à l’espace Linga Terre , des invitations pour des festivals ( MASA à Abidjan, Nsangu Nji-Nji à Pointe Noire, Gabon Mdiusic Expo à Libreville, Ndjam’Vie à Ndjamena)
Quelles difficultés avez-vous rencontrées et comment les avez- vous surmontées ?
Rire…l’ARGENT ! non mais plus sérieusement, c’est la constance dans le travail. Produire un contenu de qualité. Ça nécessite des moyens, car il faut se cultiver. Parlant du blogging, à l’époque ce n’était pas reconnu comme un métier et donc j’arrivais à jouer de mon titre de journaliste afin de dénicher des interviews par exemple. L’accès à internet qui n’est pas encore comme on le souhaite malgré les efforts à le rendre assez accessible pour tous ( wifi ouvert dans les grand espace par exemple). Avoir un blog c’est exactement comme tenir une entreprise, il faut renouveler son hébergement chaque année, faire la maintenance du site, payer afin d’avoir un nom de domaine. Avoir de bons appareils pour les photos et le sons…et ça coûte…
Vous faites également du Community management, une compétence que vous mettez au service de votre blog mais également au service d'autres personnes qui vous sollicitent. Parlez-nous de ce parcours-là.
Nonnnnnnn ! rire, je ne suis pas CM, je prends juste plaisir à accompagner la communication de certains artistes et des projets sociaux. J’aime bien créer du contenu, créer des visuels, partager le peu de connaissance que j’ai pu glaner sur Google et des ateliers pratiques. J’aime tout ce qui est nouveau et qui pousse à une meilleure utilisation des internets. Aujourd’hui le métier de CM est tellement exigeant qu’il faille carrément repartir à l’école se former pour en faire une réelle profession. Je pense que j’ai juste des compétences basiques et couplé à ce que je sais déjà faire, c’est bon pour moi (rire)
Vous qui êtes dans cet univers depuis pas mal d'années, pensez-vous que le regard que les hommes portent sur les femmes dans ce milieu change avec le temps? Quelle est votre expérience personnelle par rapport à cela?
Pour dire vrai, je pense qu’on a beaucoup plus besoin d’équité que d’égalité dans la vie. C’est important de démontrer qu’on est fort à travers son travail et uniquement son travail. C’est le message que je passe à mes jeunes sœurs. Le regard de l’autre ne doit pas être un frein à ton travail. Les femmes doivent comprendre que biologiquement nous sommes différents des hommes, et donc pour vouloir faire force, on doit démontrer que côté travail nous excellons. J’ai la chance de n’avoir jamais vécu de harcèlement dans le milieu professionnel mais j’en connais qui en ont souffert. Je pense et je crois formellement que nous parents, devront apprendre à nos enfants garçons et filles le respect de l’autre. Ça va éviter des condescendances dans le futur et un meilleur milieu professionnel pour tous à compétence égale.
Vous animez le blog « http://www.visionartistik.net », dédié à l'information culturelle du Cameroun. D'où est venue cette envie de parler de culture ?
Je suis juste FAN ! je n’arrive pas à dire autre chose. J’aime tout ce qui entoure les arts et la culture. Je pense qu’il faut encore plus de contenus qui démontrent notre richesse culturelle du Cameroun en particulier et sur le continent en général. Nous devons écrire notre histoire pour les générations futures. Nous avons tellement de chose à montrer : nos repas, nos vêtements, nos masques, nos festivals, nos paysages, nos atouts, nos traditions, nos danses, nos sites historiques, nos langues, nos évènements culturels, nos légendes et leurs œuvres, nos monuments…Si nous ne le faisons qui le fera pour notre progéniture ?
Pourquoi avez-vous choisi le blog comme support?
C’est comme une archive. A tout moment, on peut y retourner à la recherche d’une information.
Au regard de votre parcours, quel bilan faites-vous de votre vision aujourd'hui ?
Il y a encore du chemin, je ne suis même pas encore au « un dixième » du contenu que je dois mettre sur internet.
Je suis heureuse déjà de la reconnaissance du blogging au Cameroun. De plus en plus de jeunes s’y lancent et je suis fière d’accompagner quelques-uns dans cette aventure à travers des formations. Se lancer est facile, mais tenir sur la durée avec du contenu de qualité c’est le plus difficile. Aujourd’hui des agences et des marques nous sollicitent pour un accompagnement digital. Nous menons des campagnes citoyennes. Nous travaillons en synergie avec l’Association des Blogueurs du Cameroun. Ce sont des éléments qui nous poussent à continuer malgré les difficultés.
Quelles sont vos perspectives ?
Nous travaillons à produire des podcasts qui seront mis sur le site. Il y aura également du contenu vidéo (les répétitions des artistes, coulisses de spectacles). Nous aurons en plus des sujets sur de l’art et la culture, de la santé comme sujet à traiter. Nous avons également pour ambition de relancer la web radio avant la fin d’année 2022. Nous espérons par la suite lancer un magazine axée culture au Cameroun.
